Echophanies - recueil éd. Tarabuste


… c’est au corps l’étranger
à la voix l’étranger
à la langue l’étranger
à la parole l’étranger
à la vie à nos morts l’étranger
c’est sa nature au corps de n’avoir pas de langue
de toutes les recevoir en partage
à crédit
infini
— au hasard d’une carte, d’un territoire
faudrait rien rembourser ni gros ni petit lot
c’est à la voix l’étranger
c’est son timbre à la voix qui réclame
de librement circuler
de n’avoir pas de papiers
d’être sans à-valoir
— juste la peau pour la gravure de l’âge
juste le cœur d’en face pour s’y déposer
au risque de s’éteindre ou de se faire coffrer
c’est à sa langue l’étranger de résister veiller
d’autres langues
toutes les langues
qui sont venues, qui viennent et qui viendront
l’embrasser, la caresser, la pénétrer
— engrosser n’est pas vilain, moi-même je m’engrosse
infiniment à moi-même ma langue l’exil et l’étranger
c’est à sa parole l’étranger de faire terre, air, et feu
— et  puis l’ante déluge pour que viennent la soif du voyage, la mer et ses voiliers
au risque de l’éternel naufrage, l’un-sécurité
c’est mon corps l’étranger
ma voix l’étranger
ma langue l’étranger
ma parole l’étranger
la vie que l’on s’offre, qui se dérobe
le dur labeur, le grand travail
nos morts au creux des mots
nos mots mes hôtes                                                                                           



                                                                                                                     l’étranger

LES AF-FICHÉ.E.S #1- IML - Beyrouth (ébauche)


— Salon du Livre francophone de Beyrouth /nov. 2017

 avec Rym Debbarh-Mounir


Première étape visuelle des AF-FICHÉ.E.S. Un projet d'expo/installation "Poésie, Image&Son" né à Beyrouth dans le cadre de rencontres littéraires à l'Institut Moderne du Liban.


LES AF-FICHÉ.E.S©Œtopia.txt/A.Mulpas
création graphique : Tiphaine Mulpas


L'idée est de collecter dans différents lieux et pays de le francophonie des fiches signalétiques d'adolescents, de jeunes gens dont l'identification s'affirme/ra non pas selon des renseignements usuels mais par un acte poétique.

Ici, par exemple, point de n° déshumanisant ou de fixation patronymique mais un métier imaginaire — ingénieur de la gloire, criminel des étoiles, interprète de l'univers...  Dans l'impulsion d'une rencontre littéraire, d'un micro-atelier d'écriture,  chaque "individu fiché"a inventé et inscrit de lui-même sur son carton d'identification "ce" qu'il pourrait être.
Poussée narcissique, humour, décalage, camouflage... la rencontre dans ce dispositif, drôle et léger, met en regard le "que faire DE sa vie" au "que faire DANS la vie".

In fine, nous investirons un musée, un centre d'art afin d'y créer un espace visuel et sonore immersif où les visiteurs/spectateurs déambuleront dans une déclinaison quasi infinie de "L'identité"...

(à suivre donc..)
:)

PS : Si envie d'aider au développement du projet, contactez-moi.

Sonomatons — avec Rym Debbarh-Mounir







En ligne, un pan des recherches menées cette année avec Rym Debbarh-Mounir et qui interroge plusieurs axes : les hyperliens de l'imaginaire, les voix intérieures/extérieures (ce que nous disons, ce qui se dit de nous), la place/fonction du poète au sein de la société... et bien évidemment la poésie elle-même. 

Les Sonomatons, des performances collectives poétiques sonores menées avec différents publics et partenaires :


Anis Gras, le lieu de l'autre - Arcueil

La Maison de la Poésie/la DASCO - Paris
La Médiathèque Les Silos-Chaumont/ITEP Henry Viet

Un poème nait — d'un flot de mots en vrac — s'affirme en une polyphonie chaotique et spontanée. Un "cliché sonographique" de l'instant partagé.



Le nom de la chose - revue Apulée n°2

Apulée n°2 - Création graphique©Laure Schaufelberger



Dans l’ardente continuité de son numéro inaugural, fidèle à l’appel constant des autres rives et des antipodes, la revue Apulée continue d’investir tous les territoires de la littérature, de la pensée vive, de la poésie et de l’image. Et c’est autour du thème De l’imaginaire et des pouvoirs – avec une mise à l’honneur de Driss Chraïbi et de Mohammed Dib – que s’articule cette nouvelle livraison : tant à travers les fécondes controverses qu’il suscite, que dans les heureuses fictions qu’il inspire, au gré de réflexions ouvertes, d’alertes parades ou d’harmonies secrètes…


Comité de rédaction :
Yahia Belaskri, Jean-Marie Blas de Roblès, Hubert Haddad,
Abdellatif Laâbi, Catherine Pont-Humbert.




Le nom de la chose 
(extrait)


Âme condamnée, brûlée vive, mal famée, hystérique sans-nom, sage-femme destituée — en un mot possédée Je n’ai pas peur de ta chair carbonisée, de tes cendres — au bois du bûcher subsiste la forêt. Irréductible.
Je n’ai pas peur de tes cris — la douleur de ton corps, ton esprit qui, sous la torture, y cède, sont encore une parole. Irréductible. Elle te relie, elle me traverse. Profite, je suis faite de trous, ouverte à ce qui ne cesse d’être. (écrire est une percée dans le tissu des songes)

Incantation.

Sarabande des saisons, les hommes naissent les hommes meurent, à bien y regarder seuls nos crimes font dates. Cette nuit, la lune n’est pas pleine, c’est l’œil qui englobe à revers, à rebours ses propres ténèbres 

— cette nuit, les chiens se taisent.

Incantation 

— de profundis, la page entrouvre ses lèvres, le poème pointe — je l’entends par la gorge.

L’athamé entaille la peau, le double fil de sa lame, son manche d’os noir si concret dans la paume attestent d’incertains réels. Une goutte de sang versée. (s’y mêlent pincée de romarin, d’achillée mille-feuille et branche de cyprès — le mortier officie, de même que la mémoire)
Assise au foyer déserté — plus d’homme, plus d’enfant — ma solitude te réveille, ta présence corrobore la mienne. S’agit pas de renaître mais de sentir ce que ton histoire comporte d’avenirs.

Incantation. Et sortilèges.
(plus on brûle, plus on a froid, c’est étrange)

A.M.


(cliquer pour découvrir la page de l'éditeur et les compagnons d'aventure)

Icare — avec Eva Wellesz

Icare©E.Wellesz/A.Mulpas


Acquisition MacVal
3e et dernier opus de notre collaboration.
Caoutchouc, plumes, posca et poème.


Icare©E.Wellesz/A.Mulpas



Mohammed Dib - hommage collectif





Fin octobre est paru aux éditions SÉDIA,

MOHAMMED DIB UN ÉCRIVAIN DE LUMIÈRE

Cet ouvrage réunit des plumes diverses qui disent le poète : Assia Dib, sa fille, Abdelkader Djemaï, Anouar Benmalek, Anne Mulpas, Nathalie Philippe, Soumya Ammar-Khodja, Hubert Haddad, Alain Mabanckou, Abdecelem Ikhlef, Hervé Sanson, Guy Dugas, Amin Khan, Abdelmadjid Kaouah, Ali Chibani et Yahia Belaskri.
Yahia, l'auteur et ami à qui je dois non seulement l'édition d'un de mes textes mais surtout une importante rencontre avec une œuvre, une vision.

Je n'ai aucune frilosité à publier mes textes, je préfère ici partager les mots de Dib lui-même :

9

et le chemin qui est une façon de redire la prière et nous repartons encore une fois et pour une fois rien ne nous empêchera de gagner ces dunes sur lesquelles le vent luit et attend notre passage commenter chaque grain de sable commenter l’écriture des étoiles c’est une tâche qui requiert d’abord une bonne vue nous épellerons lettre par lettre le texte déposé nous collationnerons les mots dans chaque mot nous réunirons les amants cette solitude ce sable ce vent ne sont pas faits pour se couvrir de vestiges mais de la fraîcheur de l’œil si rien n’y invite au repos c’est que la marche y est repos le jour même n’y est que marche continuée vers soi sans rupture et armée de sa seule chance qu’écriture sur le sable et dont le sable reconnaissant s’abreuve et se vivifie et la chaîne des signes se déroulera jusqu’au cœur du vent

Mohammed Dib, Les pouvoirs in Formulaires, Paris, ed. du Seuil, 1970

Impermanences I - avec Charles Neubach




...

Lignes de front.
De fuites.
Emergence et ensevelissement.
Si la ville s’ignore, se perd elle-même dans son vertige,
il est possible que nous dormions.
Que le réveil soit l’accident.
Et nos violences, 
nos misères 
rien de plus que la géométrie du flou,
que la colle du sommeil aux paupières.
Saisissements.
Dans le voile quadrillé de la disparition, l’éclat qui nous précède,
bien après nous résonne encore.

Tout aussi nu que nous.






Texte (extrait) pr l'exposition de Ch. Neubach au Centre Barbara - Goutte d'Or - Paris 2015
http://www.charlesneubach.eu/index.php

Echophanies - recueil éd. Tarabuste